Planter un arbre, un jeu d'enfant ?

Planter un arbre, écrire un livre, ou avoir un enfant. Voilà ce que le proverbe conseille aux Hommes pour réussir leur vie. Sur ce blog, concentrons-nous sur l'arbre, sauf vraiment si vous insistez pour les autres ;) 

Si planter est une expérience de vie, c'est aussi un énorme défi à relever. Je peux faire un trou au fond de mon jardin, y placer un arbrisseau trouvé dans un fossé, ou mettre un gland dans un pot en terre sur mon balcon. Level One Ok. Level Two, je choisis mon arbre. Quelle espèce résistera à la sécheresse de l'été ? Sera adaptée à une coupe bonzaï sur mon balcon ? M'apportera le plus d'insectes et d'oiseaux ? M'offrira le plus vite de la fraîcheur en été et un coupe-vent en hiver ? Fera le meilleur bois pour ma table familiale ?

Les arbres jouent collectif

S'il a des compères, un arbre n'en sera que plus heureux. Le collectif d'arbres a en plus l'avantage d'offrir moult services à l'homme, la faune et la flore, et la planète. On favorise le collectif en préparant le sol, notamment pour la symbiose des racines avec les champignons, appelée mycorhize. Cet immense réseau de filaments dans le sol connecte toutes les espèces d'arbres entre elles. C'est ce qu'on appelle l'internet de la forêt.

Il faut aussi sélectionner des plants de plusieurs espèces d'arbres différentes, de préférence endémiques, c'est-à-dire qui poussent naturellement sur le territoire. La complémentarité est à tous les étages : dans les airs, les plus grands nourrissent les plus petits, les plus rapides abritent du vent les plus lents à pousser. Dans le sol, chaque espèce apporte des compléments nutritifs spécifiques aux autres, ou rend des services spécifiques. Sachant que chaque espèce a ses petits caprices. Les feuillus apprécient davantage la compagnie d'autres espèces que les résineux. Le mélèze par exemple doit se sentir en force dans une parcelle pour faire corps (au moins 50% des plants). C'est une spirale gagnante : plus il y a de diversité dans les espèces d'arbres, plus la flore et la faune seront aussi diversifiées, et plus le sol sera vivant. On compte plus de micro-organismes dans un cm3 de sol forestier que d'humains sur la terre. La forêt et les zones humides sont déjà les milieux abritant le plus de biodiversité sur la planète. Et les forêts les plus diversifiées sont aussi celles où les maladies sont les moins répandues.

Forêt collaborative

La communication entre les arbres et avec les insectes et les oiseaux passe par des émissions de molécules gazeuses émises par les arbres. Un arbre isolé est un arbre en danger ou...terriblement dépendant de l'homme (Ok, cela fonctionne avec beaucoup de choses...). Qui le préviendra d'une attaque de parasites s'il est seul au milieu d'un beau gazon ? Pour l'homme, si nous aimons tant marcher en forêt, c'est que l'air est non seulement plus oxygéné mais aussi plus chargé en ces substances volatiles bénéfiques pour notre santé.

Dans une forêt mature, les différentes générations d'arbres se serrent les coudes. Facile à comprendre dans le cas d'une tempête : les petits et les grands forment une canopée hétérogène en hauteur et en composition qui freine bien davantage le vent qu'une monoculture de pins maritimes tous du même âge. Et si quelques courageux au front se mettent à choir, il n'y aura pas de cascade de dominos derrière.

Des techniques alternatives à la plantation ou complémentaires existent aussi en milieu forestier pour régénérer des arbres. La plus fréquente consiste à utiliser l'incroyable rage des arbres mise dans leurs efforts pour se reproduire. Chaque année, un érable adulte par exemple va disperser des milliers de graines. Sans intervention de l'homme, une seule sur un million donnera un arbre adulte. Si l'on favorise la croissance de ces graines par un entretien adapté, on obtient une régénération naturelle. Dans des délais record et avec une résilience incomparable par rapport à des arbres à la génétique "importée".

 

Oui planter un arbre, planter des arbres, c'est vraiment un truc de dingue. Et on n'a pas fini d'en apprendre avec les découvertes qui continuent sur l'internet de la forêt, la vie dans le sol, ou la séquestration du carbone. Depuis le début de ce millénaire, le progrès de la connaissance et les événements survenus nous montrent qu'avec les arbres l'intérêt écologique coïncide avec l'intérêt économique à long terme.

 

 

 

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