Trois enseignements de retour de Patrimonia
Puisque la forêt est aussi un placement financier, nous avons décidé d’aller à Patrimonia, voir ce qu’en disent les pros du conseil en investissement financier. Le salon a lieu à Lyon, les allées sont bien remplies, et tous ceux que nous rencontrons ont des mines plutôt sympathiques.
#1 L’investissement en forêt demande à être simplifié
Une très bonne première impression. Puis une première déception : le plus gros gestionnaire et vendeur de forêts français, la société forestière qui dépend de la Caisse des dépôts, est absent. Il paraît qu’elle traite surtout avec des institutionnels, donc des banquiers et des assureurs.
Qu’importe, nous continuons à sillonner les allées et à discuter. Etonnamment, plusieurs professionnels du conseil nous confient qu’ils ont personnellement de la forêt dans leur patrimoine, mais que c’est un « produit trop spécifique pour le proposer à leurs clients ». A voir la "spécificité" des produits hyper complexes présentés en immobilier classique, nous ne sommes pas tout à fait convaincus par l’argument…
En cherchant bien, nous finissons par trouver deux stands d’entreprises spécialistes de la vente de parts de groupements forestiers. Enfin, on peut parler gestion forestière et actualité fiscale de la filière. La grande nouveauté, c’est la création d’un groupement forestier d’investissement (GFI). Il fonctionnera comme une SCPI, c’est-à-dire qu’on pourra acheter des parts d’un fon ds investi dans plusieurs forêts. Pour l’instant, aucun GFI n’a encore été créé. A suivre.
#2 La forêt souffre largement la comparaison avec d’autres placements
Dans ce monde où les performances passées ne préjugent pas des performances futures, chacun y va tout de même de ses courbes sur 5 ans, 10 ans, ou 20 ans. La forêt n’a pas à rougir : le CAC 40 entre 1998 et 2018 a fait moins bien qu’un hectare forestier ! (cf. graphique). Il faut dire que la forêt française se revalorise sans à-coup de 3,15% par an depuis 20 ans. Côté rendement, il y a toujours deux façons de le présenter : avant ou après fiscalité. Avant fiscalité, le rendement de la forêt est moins bon que les autres placements, environ 2%. Mais après passage de la fiscalité, le taux de rendement est souvent très bien placé par rapport aux autres placements, jusqu’à 4%. Explication : alors que l’immobilier locatif, par exemple, est lourdement taxé (CSG, IR, IFI…), la forêt de son côté bénéficie d’avantages fiscaux conséquents qui ont pour but de la protéger et de favoriser son développement.
#3 Un placement peu risqué et une filière qui reste à découvrir
Enfin les conseillers en investissement financier sont comme beaucoup à la fois attirés par la forêt et béotiens en la matière. Jusqu’à générer des questions angoissantes. « Le capital peut-il disparaître comme la forêt amazonienne ? » est une question qui revient. Encore marqués par les incendies au Brésil cet été, les Conseillers en investissement financier se posent des questions toutes simples. En réalité, les risques de perte de son capital forestier sont très faibles, en Europe du Nord en tout cas. Les forestiers craignent davantage la tempête. Mais ce risque est bien géré par la filière depuis longtemps et il est assuré à bas coût. En cas de sinistre, le bois de valeur sur les parcelles sinistrées (qui sont rarement perdues à 100%) est garanti par l’assureur.